Le secteur de la construction a bien performé en 2016 mais ses responsables avertissent : la situation ne sera pas aussi idyllique en 2017. Et mettent en garde contre les travailleurs détachés.

La construction aime décidément jouer au yo-yo. En 2016, le secteur a connu une croissance de 3,5 %, principalement grâce aux belles performances du logement neuf et à un projet extrêmement important dans le non-résidentiel : la construction de plusieurs écoles en Flandre, projet baptisé « Scholen van Morgen » et porté par AG Real Estate qui a procuré beaucoup d’emplois et d’argent.

Mais du côté de la Confédération Construction, on a tenu à tirer la sonnette d’alarme lors d’un point presse teinté de négativisme : la situation ne se répétera pas en 2017 et ce, malgré une reprise du secteur du génie civil avant les élections communales de 2018 (les bourgmestres décident comme par enchantement d’embellir leur belle commune avant le passage aux urnes…).

Conclusion : la construction ne connaîtra plus qu’une croissance d’1 %. « Or, il faut aujourd’hui une croissance de l’ordre de 3 % pour stabiliser l’emploi, avertit Paul Depreter, le président de la Confédération Construction. Celui-ci reste donc un véritable défi pour les années à venir. »

Et les responsables d’exhiber une étude menée récemment. Que dit-elle ? Primo, que le secteur est confronté à une diminution ininterrompue de l’emploi salarié dans le nombre total de travailleurs disponibles. En trois ans, il a reculé de 5 %. Deuxio, que ce sont surtout les travailleurs détachés qui bénéficient de ce recul puisqu’ils ont augmenté de 13.000 équivalents temps plein en trois ans. Ils ont récupéré 70 % des pertes d’emploi salarié.

Cette nouvelle réalité force la Confédération Construction à réagir, mais force est de constater que ce n’est pas la première fois qu’elle le fait et elle semble toujours attendre des résultats tangibles.

Cette concurrence déloyale est bien sûr liée aux coûts salariaux moindres pour les entreprises étrangères ainsi qu’à leur flexibilité. Et le comble, c’est que beaucoup d’entreprises de construction se voient obligées de faire appel au détachement pour survivre. « Il faut libérer au plus vite l’enveloppe de 600 millions d’euros promise pour la réduction des charges sociales dans la construction lors du prochain Conseil spécial des ministres », hurle dans son porte-voix Robert de Mûelenaere, l’administrateur-délégué de la Confédération.

Sera-t-il entendu ?

http://www.lesoir.be/100957/article/2017-06-22/la-construction-est-un-tournant